CHAPITRE 2
Devant Spence, les collines ondulaient à perte de vue. Le même paysage, les mêmes collines que dans les rêves précédents. Au loin, il apercevait des gens se déplaçant à travers les collines, lourdement chargés. De plus près, il reconnut les paysans en guenilles qui s’efforçaient de débarrasser les collines de pierres qu’ils jetaient dans des paniers grossièrement tressés de leurs mains décharnées. Tout cela était familier et même pénible pour Spence qui avait souvent vécu ce rêve.
Il observa les paysans pieds nus qui s’efforçaient de déplacer leur charge sur leurs maigres épaules et progressaient en file indienne le long de la route. D’autres autour de lui continuaient à arracher du sol avec peine des pierres blanches comme la craie, de la taille d’une grosse miche de pain. Il savait qu’il ne pouvait rien pour eux ; tout ce qu’il pouvait faire ou dire ne les touchait pas. Pour eux, il était invisible.
Cette fois encore, Spence s’assit, confus de son impuissance. Cette fois encore l’air était sinistrement silencieux : les paysans avaient disparu. Il sentit la terre trembler sous lui et une pierre blanche et ronde émergea du sol. Il regarda autour de lui et vit d’autres pierres sortir du sol comme autant de volcans miniatures.
Quand il se releva, il se retrouva cette fois encore sur la rive élevée d’une rivière. Au-dessous, tourbillonnaient des eaux sombres et boueuses. Le dernier paysan jeta le contenu de son panier dans la rivière et Spence entendit une voix appeler son nom. Il se retourna et vit une douzaine d’oiseaux gigantesques et noirs tournoyer dans l’air. Il les suivit et constata qu’il se trouvait maintenant sur une vaste plaine qui s’étendait sans limites jusqu’à l’horizon. Devant lui, s’élevant au-dessus de cette plate étendue d’herbe, un château ancien et délabré.
Il leva le pied, la vision se brouilla, et il se retrouva à l’intérieur de la cour du château, face à un portail de bois qu’il poussa à tout hasard : il était ouvert. Un corridor de marbre, désert, descendait en spirale par une succession de marches. Il le suivit. Il s’enfonça de plus en plus en plus profondément pour arriver enfin à l’entrée d’une petite salle mal éclairée.
Spence se frotta les yeux et pénétra dans la pièce. À l’intérieur, la lumière semblait provenir d’une source unique : un œuf énorme qui semblait flotter en son centre. Il vit, terrifié, l’œuf s’agiter légèrement puis s’élever dans l’air. Tout en s’élevant, il pivota et Spence vit alors ce qu’il redoutait – l’œuf était en fait le dos du siège de Hocking. Mais il était renversé. Tandis qu’il tournait lentement, Spence aperçut Hocking tranquillement assis sur son siège : il riait. Le siège dans sa rotation s’approcha. Hocking lui lança un sourire grimaçant et il ne vit plus que le ricanement sinistre d’une tête de mort.
Spence se détourna et s’enfuit : le crâne-au-siège-en-forme-d’œuf le poursuivait. Il se précipita vers la porte à l’extrémité du corridor et la franchit : au-dehors, la nuit était noire et constellée de milliers d’étoiles. Par-dessus son épaule, le globe bleuté et majestueux de la Terre s’élevait dans le ciel tandis qu’il se retrouvait, ensanglanté, dans un paysage minéral et inconnu…
Spence regarda la navette décoller de la surface courbe et imposante de la station spatiale. Il se tenait sur une petite plateforme qui surplombait l’aire d’arrimage, d’où on pouvait observer l’arrivée régulière du matériel et le départ du personnel qui redescendait, ou plutôt retournait, sur la Terre pour un congé. Il aurait bien voulu les accompagner.
Il n’avait jamais été aussi près de tout abandonner. Sa vie oscillait péniblement entre dépression et solitude. Il ne savait pas ce qu’il y avait de pire : la noirceur qui lui semblait envelopper tout ce qu’il pouvait voir de la vie autour de lui, ou les élans douloureux qui lui traversaient la poitrine chaque fois qu’il se perdait dans la foule des gens qui se déplaçaient le long des axes de communication, et qu’il réalisait qu’il ne connaissait vraiment personne.
Mais à l’origine de ces dures vérités, il y avait, il le savait, la chose même qu’il redoutait le plus : les rêves.
Depuis cet après-midi à Central Park, il y avait presque deux semaines, il avait commencé à ressentir la présence constante de ces yeux invisibles sur lui quand il était eveillé. Il imaginait qu’ils le surveillaient aussi durant son sommeil. Il sentait sa raison lui échapper.
Il contempla à travers l’énorme bulle d’observation le vide noir de l’espace illuminé de millions d’étincelles produites par des étoiles inconnues. Il distinguait la frange de la Voie lactée, mais restait indifférent au spectacle. Il murmura pour lui-même à haute voix : « Que faire ? »
Il se détourna tandis que la silhouette blanche et massive de la navette disparaissait lentement du champ de vision. Il y eut un bruit au retrait du filet d’arrimage et un léger sifflement tandis que la pression s’égalisait dans les sas. Spence bâilla et repensa, pour la énième fois, à sa fatigue. Il n’avait pour ainsi dire pas fermé l’œil ces trois derniers jours : quelques minutes de sommeil ici et là, et c’était tout.
Il avait volontairement évité de dormir, comme un enfant qui refuse le dentiste quand la douleur élance la dent et paralyse la mâchoire. Il espérait que, par une sorte de miracle, la douleur, les rêves s’évanouiraient. En même temps, il savait que cet espoir était vain.
Il lui fallait retrouver bientôt un vrai sommeil s’il voulait tenir le coup et rester lucide. Il se sentait, avec appréhension, se transformer en zombie, une de ces misérables créatures mythiques dont le destin est d’errer indéfiniment dans des sortes de limbes, ni complètement mortes, ni vraiment vivantes. Privé de jugement et de sentiments. Une simple carcasse mue par la volonté extérieure de quelque démon.
Mais l’idée même de sommeil lui était devenue insupportable. L’état de zombie était après tout moins effrayant que la pensée du cauchemar qui l’attendait et qui l’entraînerait dans un état de bonheur paisible avant de le plonger dans une horreur démesurée.
Spence secoua la tête comme pour s’éclaircir les idées : il commençait à divaguer. Il regarda autour de lui et réalisa qu’inconsciemment il avait atteint Broadway.
Il tourna à gauche et reprit le chemin de la section BioPsy et du labo du sommeil, et de là vers sa propre cabine, pour se retrouver confronté à la question : « dormir ou ne pas dormir ? », mais quelque chose attira son regard et il s’arrêta pour mieux voir. Il ne vit qu’un panneau de signalisation fortement éclairé, identique à tous ceux qui balisaient les axes de communication de Gotham. Spence fixa le signe pendant plusieurs secondes avant de réaliser ce qui avait attiré son attention. Dans son état de trouble profond, les mots BUREAU DU DIRECTEUR et la flèche rouge pointant dans la direction opposée à la sienne semblaient avoir pour lui un pouvoir de fascination certain.
Inconsciemment, et sans vraiment le vouloir, il constata que ses pas le conduisaient mécaniquement vers le bureau du directeur. Et tout de suite il sut pourquoi il était arrivé là. Peut-être avait-il vaguement l’intention depuis un certain temps de demander un congé pour raisons de santé mentale. Aujourd’hui son corps, affecté par la privation de sommeil, l’avait entraîné là où il avait voulu se rendre depuis longtemps, sans l’avoir osé par manque d’assurance.
Spence avançait comme un aveugle, en arrivant toutefois à éviter ceux qui se précipitaient dans les deux sens le long de l’avenue. Par deux fois, il remarqua le regard curieux que lui jetait un passant, mais bien vite il oublia ces regards interrogateurs. C’était comme s’il s’était retiré dans une cellule intérieure de son esprit d’où il ne faisait que jeter un œil sur le monde extérieur entre les barreaux. Les réactions des autres ne l’affectaient plus.
Après de multiples changements de direction et de niveau – dont il n’avait même pas conscience – Spence arriva à l’AdSec [1].Debout, face à la cloison qui le séparait de la réceptionniste, il retrouva ses esprits.
« Je ne peux pas rentrer ici comme cela », murmura-t-il pour lui-même. Il fit demi-tour, repéra un sanicube et s’y engouffra. En se penchant au-dessus du lavabo il jeta un coup d’œil dans la glace et ce qu’il y vit le laissa stupéfait. Ses yeux cernés de rouge brûlaient dans un visage pâle et sans expression ; des cheveux sales se dressaient sur son crâne comme sous le coup d’une grande frayeur ; des rides profondes avaient imprimé à la bouche naturellement souriante un pli sarcastique.
C’était une parfaite représentation de ce qu’il ressentait intimement : l’extérieur de l’homme reflétait l’intérieur.
Spence incrédule hocha la tête et remplit la cuvette d’eau froide. Il laissa l’eau couler jusqu’à ce qu’elle soit sur le point de déborder, y plongea les deux mains, les ressortit pleines et s’aspergea le visage.
Le choc de l’eau froide lui éclaircit les idées et il se sentit tout de suite mieux. Il répéta le geste plusieurs fois et tenta d’aplatir ses cheveux. Il se sécha les mains au distributeur d’air chaud et rejoignit le cours de la circulation.
Il hésita un peu puis pressa la plaque d’accès et la cloison translucide s’entrouvrit. Il entra, mal à l’aise, et lança une sorte de grimace vers la réceptionniste plutôt guindée qui l’accueillit avec un sourire tout professionnel et le traditionnel : « Bonjour monsieur. Qui désirez-vous voir ?
— Je suis, euh… Je voudrais voir le directeur », dit Spence tout en cherchant à localiser son bureau parmi tous ceux qui donnaient sur la réception. Il le repéra et se dirigea vers lui.
« Je suis désolée, dit la réceptionniste, vous avez rendez-vous ?
— Oui », mentit Spence et il poursuivit. Arrivé à la porte, il pressa la plaque d’accès et entra.
Il ne s’attendait à rien de particulier, c’est pourquoi il resta stupéfait à la vue de la pièce qui s’ouvrait devant lui, tant par ses dimensions que son aménagement. Comparée au malheureux cube qui lui servait d’appartement et à tous les autres locaux, cabines et laboratoires où l’espace était utilisé avec la plus grande parcimonie, cette pièce faisait figure de palais tant y était évident le mépris total de toute contrainte.
L’étendue qu’il avait sous les yeux le laissait bouche bée. La pièce était une vaste salle de forme octogonale surmontée d’un dôme très élevé recouvrant une surface dont une partie formait une sorte de galerie à laquelle on accédait par un grand escalier en spirale. Les dimensions princières de la pièce étaient encore accentuées par la présence d’une grosse bulle d’observation logée dans une partie du mur convexe qui surmontait la galerie. Pour un observateur comme Spence, la pièce faisait l’effet d’un hall immense avec une fenêtre s’ouvrant sur l’univers.
Ses pieds s’enfonçaient dans plusieurs centimètres d’une épaisse moquette beige. Plusieurs espèces de plantes vertes et d’arbustes miniatures à fleurs jetaient des taches de couleur contre les murs d’un gris bleuté très pâle et un mobilier de couleur fauve. Remarquable était l’absence d’aluminium ou de toute surface métallique. C’était un bureau comme on pouvait en trouver dans les bastions du pouvoir des grandes corporations là-bas sur la Terre, mais rarement sur une station orbitale. Le rang, pensa Spence, avait certainement ses privilèges.
« Oui ? » dit une voix tout près de lui. Spence sursauta, aussitôt embarrassé.
« Je suis désolé. Je ne vous avais pas vu quand je suis entré. »
Les yeux d’un bleu de porcelaine qui rencontrèrent son regard pétillaient. « Cela n’est pas grave. Cela arrive souvent.
— Non, je ne voulais pas dire…», lâcha-t-il. La jeune fille, plus jeune que lui de plusieurs années, se moquait gentiment de lui. Il rougit, se sentant ridicule et pas du tout à sa place. Il ne savait plus quoi dire et pendant quelques minutes, il fixa bravement la jeune fille qui s’était assise sans façon à un petit bureau placé à l’entrée de l’immense pièce.
Elle portait une combinaison, comme tout le monde sur GM, mais la sienne était bleu très pâle – de toute évidence non réglementaire. Ses cheveux étaient blonds et naturellement frisés : lissés vers l’arrière sur les tempes, ils étaient maintenus derrière la tête et retombaient en boucles de part et d’autre d’une jolie nuque.
« Puis-je faire quelque chose ? » demanda-t-elle. Le sourire cette fois s’accompagnait d’un très léger battement de cils qu’elle avait longs et noirs.
« Oh ! oui. » Spence s’efforça de revenir au but de sa visite. « Je viens voir le directeur.
— Pour quelle raison, si je peux me permettre ? »
Spence sursauta. Quelle impertinence ! « Je préférerais en discuter avec le directeur lui-même, merci », répondit-il d’un ton pincé en espérant l’avoir remise à sa place. Ce culot !
« Bien sûr », elle sourit de nouveau. « Seulement, si je savais de quoi il s’agissait, cela pourrait peut-être vous aider à être introduit plus tôt. C’est tout.
— J’avais espéré pouvoir le voir tout de suite.
— J’ai peur que cela ne soit pas possible.
— Mais c’est très important. Il faut que je le voie aujourd’hui. Cela ne prendra que quelques minutes. Ne pouvez-vous pas lui dire que c’est privé et urgent ?
— Non. »
Cette impertinence de nouveau. Spence, dans son état d’extrême fatigue, sentit monter en lui une forte bouffée de colère. Il s’efforça de rester calme. « Puis-je attendre ? » demanda-t-il en désignant de la tête un fauteuil placé près d’un groupe de palmiers nains.
« Si vous voulez », répondit froidement la fille, et tandis que Spence se dirigeait vers le siège, elle ajouta : « Mais l’attente sera probablement longue. Il…
— Cela m’est égal. » Spence l’interrompit avec autorité. Il se laissa tomber sur les coussins moelleux du siège de façon provocatrice, pour bien manifester sa détermination.
La jeune femme retourna à son travail sans même lui accorder un regard. Pendant un certain temps, il l’ignora et s’occupa à évaluer les dimensions du repaire officiel du directeur. Lassé de ce jeu, il retourna progressivement son attention vers la jeune femme assise au bureau devant lui. Elle s’était mise à entrer des données dans un terminal situé contre un côté du bureau. Il admirait son adresse et sa rapidité. C’était sans aucun doute pourquoi elle avait été recrutée pour le poste d’assistante du directeur, observa Spence, sûrement pas pour son tact.
Tout en l’observant, il commençait à se forger certaines idées à son égard. Elle était, décida-t-il, du type écervelé, sujet à des fous rires étouffés et des sentiments fantasques. Sans aucun doute frivole. Probablement pas beaucoup de matière grise. À la moindre allusion à quelque chose d’un peu intellectuel, elle devait s’en tirer par un battement de cils et une minauderie du genre : « J’ai bien peur que cela ne soit trop profond pour ma petite tête. »
Elle était jolie, on ne pouvait pas lui refuser cela. Mais, pensait Spence, c’était une beauté superficielle et qui ne durerait pas. Pour un homme pas trop exigeant, elle ferait une partenaire acceptable. Mais pour quelqu’un comme lui, elle ne ferait jamais l’affaire. Pas dans un milliard de chronèmes.
Spence ne se rendait pas compte qu’il venait de se la dépeindre avec les mêmes caractéristiques peu flatteuses qu’il attribuait à presque toutes les femmes. Cela, pour lui, était plus commode que de s’avouer qu’il n’avait pas de temps à perdre avec les femmes, qu’une aventure sentimentale entraverait ses recherches et sa carrière, qu’il avait peur des femmes parce qu’il ne s’estimait pas capable d’être fidèle à la fois à une relation intime avec un autre être humain et à son travail.
Il avait certaines raisons d’avoir peur : il avait vu trop d’hommes brillants accablés par les soucis de l’entretien d’une épouse et d’une famille, se retrouver dans des centres de recherche de second ordre ou dans des postes d’enseignants. Le jeune Dr Reston était bien décidé à atteindre les plus hauts niveaux, et aucune femme n’allait le retenir.
La jeune femme était gênée par son regard insistant. Elle releva la tête et le fixa à son tour. Leurs regards se croisèrent et Spence détourna rapidement les yeux. Mais très vite il la regarda de nouveau. Elle sourit, puis se mit à rire en se retournant pour lui faire face.
« C’est cela votre façon d’attirer l’attention d’une fille ?
— Pardon ? » Il n’était pas préparé.
« En la dévisageant. Vous voulez quelque chose ?
— Je vous dévisageais ? Je suis désolé. Je n’avais pas l’intention de… Écoutez, je voulais seulement voir le directeur. Quand sera-t-il disponible ? »
La fille regarda sa montre et dit : « Oh, dans le courant de la semaine prochaine. Jeudi, peut-être.
— Comment ? » Spence bondit de son siège et se dirigea vers le bureau.
« Je croyais que vous aviez dit que je pouvais l’attendre !
— Vous pouvez l’attendre aussi longtemps que vous voudrez, mais il ne reviendra pas avant jeudi.
— Vous avez dit…» Spence bégayait. Il serrait les poings de colère.
« J’ai dit que l’attente serait plutôt longue. Vous m’avez interrompue avant que j’aie pu finir.
— Est-ce la façon dont vous traitez les gens qui viennent ici pour des affaires importantes ? »
Elle lui lança un sourire narquois : « Non. Seulement ceux qui entrent ici comme dans un moulin et qui demandent à voir le directeur sans rendez-vous. »
Elle l’avait eu ; il était battu et humilié. C’est vrai, il s’était conduit comme un imbécile. Une vague de honte vint éteindre sa colère juste au moment où elle allait éclater.
La jeune assistante lui sourit de nouveau et il n’en ressentit aucun malaise.
« Bon, un partout, dit-elle. Maintenant voudriez-vous que nous reprenions depuis le début ? »
Spence ne put qu’acquiescer de la tête.
« Bien. Est-ce une affaire personnelle ou officielle ?
— Euh, personnelle.
— Vous voyez. Cela n’était pas difficile. Je vous inscris pour un rendez-vous vendredi à la première heure. Son assistant vous appellera.
— Vous voulez dire que vous n’êtes pas son assistante ? Je croyais…
— Vous pensiez que c’était moi, je sais. Non je ne fais qu’un remplacement pendant qu’ils sont absents. Son assistant est M. Wermeyer. »
Maintenant Spence se sentait doublement stupide. Il aurait voulu pouvoir se fondre dans la moquette et disparaître. « Merci », murmura-t-il en se retirant lentement. La cloison se referma, terminant ainsi l’épisode du bureau du directeur. Avec un soupir il regagna son poste de travail, plus désespérément fatigué que jamais.